Vent des forêts

Par Charles Sagalane

Band rock (keep warm, burnout the rich)

© Mériol Lehmann 2025

Charles Sagalane

Charles Sagalane est un écrivain qui crée en territoire, un carnet dans la poche et des raquettes aux pieds. Sa démarche indisciplinaire imbrique œuvres écrites, art de lettres et interventions participatives dans un vaste édifice littéraire, le Musée Moi, dont il est l’homme à tout faire. Depuis 2006, il a publié huit ouvrages aux éditions La Peuplade dont son plus récent recueil de poésie, Du premier au dernier jour (2024).

Il mène actuellement une résidence d’écrivain au cégep de Jonquière et s’implique à KM3 (Kilomètres cubes), projet forestier du Centre Bang. Son rôle de bibliothécaire de survie, avec la complicité de la Sépaq, fait des îles de Saint-Gédéon un carrefour d’échange littéraire. Et il est fier de collaborer au sein de la communauté de Mashteuiatsh, notamment en duo avec l’artiste multidisciplinaire Amélie Courtois. Écrivain à l’école, il a réalisé des centaines d’ateliers scolaires et de nombreux projets spéciaux.

Café de Madame Simon

© Mériol Lehmann 2025

 

vent des forêt

Par Charles Sagalane

 

C’est à moi qu’on a confié les relations d’un séjour outre-mer, en mai 2025, sous les grands arbres enfeuillés de France. Je parlerai donc pour nous*. Assurément, le fil de notre groupe Messenger raconterait une autre histoire – moqueuse, complice, à ras les rebondissements du voyage. On y verrait les déplacements, les rencontres, les idées y devenir des opportunités –artistiques pour les uns, éducatives pour les autres, humaines pour tout un chacun. Le défilement des photos de Mériol Lehmann, le soir, quand nous étions attroupés autour de l’écran de son ordinateur, un verre de mirabelle à la main, témoignerait plus justement encore de cette expérience sensible. Impossible de tout capter de cette récolte qui rassemble huit enthousiastes : notre délégation

 

Cité internationale de la langue française

© Mériol Lehmann 2025

fou rire sans fin

maître Bashô aimerait

cette compagnie

 

Nos interactions en Meuse, auprès de Vent des forêts, et les échanges avec nos interlocuteurs de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, cela mérite mieux qu’un compte-rendu détaillé. Comment exprimer ce que les décideurs d’un centre d’art, les membres du corps enseignant, les artistes et les travailleurs culturels arrivent à puiser d’une expertise partagée? Un assentiment. Une résolution. Un ressourcement. On se sent vite bien seul quand on innove, quand on réfléchit sur sa pratique, quand on piste les voies d’un avenir qui a du sens. La véritable moisson de notre délégation ne se mesurera qu’à ses retombées. Même en terreau fertile, une graine est à la merci des aléas de l’eau, de la lumière, de la chaleur et du reste. Une infinité de gestes, un entretien devront suivre, patiemment, pour que nous puissions en savourer les fruits.

 

L’esprit de la forêt

© Mériol Lehmann 2025

 

pins laricio

ces géants aux bras ouverts

étirent le ciel

 

 

Apéro dans le jardin

© Mériol Lehmann 2025

Notre délégation a semé des élans, c’est certain. Nous n’escomptions pas une confrérie si bonne, complice de nos laboratoires vivants. Entre une station de train et une table de bistrot, un grand hêtre et une statue in situ, nos accords ont trouvé un engagement solidaire, une volonté raffermie. Une assurance a poussé du sol pour nous convaincre que les forêts boréales et les boisés français ont des racines communes. Des esquisses, des ententes, des projets viendront, nous l’espérons. Pour moi qui tiens le crayon, cette réciprocité tournée vers l’avenir m’est apparue sans trop de ratures. Dans un champ où l’orge ondoie et les œuvres prennent sens. C’est un condensé de l’aventure à laquelle nous avons pris part. De l’espoir que nous portons. Des gestes que nous posons.

 

Il y aura le vivant que tu vois

Des eaux pour nous abreuver
Des plantes pour nous nourrir et nous abriter
Des animaux pour nous servir et nous vêtir
Des minéraux pleins de pouvoirs
Des vents qui transportent et qui meulent
Des feux de camp et de forge
Des levants autant que des couchants
Des voies lactée, chantée, dansée
Des mondes sous nos pieds
Et des solidarités dans nos bras

Il y aura tout ce que nous saurons chérir

 

*Liste des participant•e•s, par ordre alphabétique :

  • Laurie Boivin, Médiatrice culturelle et responsable des communications du centre Bang
  • Gabrielle Desbiens, Chargée de projet Kilomètre cube
  • Jérôme Gagnon, Coordonnateur des services éducatifs, CSS du Lac-Saint-Jean
  • Jean Gaudreault, Enseignant par la nature, CSS du Lac-Saint-Jean
  • Mériol Lehmann, Artiste
  • Anick Martel, Coordonnatrice artistique et générale du centre Bang
  • Patrick Moisan, Directeur du centre Bang et Directeur général et artistique de Zone Occupée
  • Charles Sagalane, Écrivain

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Charles Sagalane